Un écran de fumée, au ballottement atmosphérique, comme des volutes de vapeur sorties des entrailles de la Terre, ou comme un nuage dont on guette les variations songeuses. Une silhouette se dessine, projetée, elle tente de recueillir à l’aide d’un filet des bribes de matière éthérée. La quête entreprise dans la vidéo Catch the memories and hopes that go up in smoke peut sembler futile, elle participe cependant d’une impénétrable grandeur poétique. Comment se saisir, en effet, de l’insaisissable, qui plus est, à partir d’un faisceau de lumière ?
Représentative du travail de Laurent Pernot, cette œuvre aborde la fugacité des instants qui passent, leur beauté volatile mais aussi une rêverie imagée. Le temps, ou plutôt notre rapport au temps, est continuellement ausculté afin de libérer des récits fantastiques et imaginaires. Sont alors mis en place des dispositifs qui déjouent son inéluctabilité et son caractère évanescent, comme dans les Still Life où des fleurs encore radieuses sont préservées de la flétrissure par une pellicule glacée. Or parce que la vivacité de leur éclat reste manifeste, comme si la vie coulait encore dans chaque pétale, il semble que le temps se soit interrompu de façon soudaine, peut-être sous l’effet d’un mauvais sort ?
Texte à lire sur boum bang!
Image de couverture : The King is Dead, Neon, high tension tube, black gravel and slate, diameter on the floor about 1m, 2012. ©Laurent Pernot et ADAGP.